L’ascension du Kilimandjaro, Kilimandjaro Partie 3

« Assis à terre, les larmes aux yeux, j’entendais à peine les paroles de Marie-Pier en arrière-plan, comme si je refusais de les admettre.

“Sa montagne est finie, il va devoir redescendre.”

“Ce n’est pas grave Jo, la montagne va rester. Ce sera pour une autre fois.”

J’avais anticipé cette possibilité de ne pas atteindre le sommet, mais croire que cela pourrait arriver et être confronté à cette réalité sont deux choses différentes.

Et si on commençait par le début de l’ascension du Kilimandjaro.

 

Le plan

Plusieurs sentiers conduisent au sommet du Kilimandjaro, et de notre côté, nous avons opté pour la route Coca-Cola (Marangu route). C’est la seule voie praticable à vélo, car oui, nous avons des vélos dans le groupe. Normalement, cette route se parcourt en 5 jours, mais pour faciliter notre acclimatation, nous l’avons étendue sur 7 jours.

La particularité réside dans le fait que nous consacrons deux jours, situés à environ 3700 mètres, au camp 2, effectuant des allers-retours en altitude pour favoriser notre adaptation. L’altitude représente le défi principal de cette route. Bien que nous bénéficions du confort des huttes plutôt que de camper, ceux qui privilégient une ascension du Kilimandjaro moins intense peuvent choisir la route Lemosho, qui s’étend sur une durée de 6 à 8 jours, mais implique le camping en tente.

Ascension du Kilimandjaro

 

On commence l’ascension du Kilimandjaro

Le début de l’ascension du Kilimandjaro signifie entrer dans la jungle, très différente de la forêt québécoise. La première journée était davantage consacrée à l’attente au parc pour les permis et les formalités administratives qu’à la randonnée. Même si la distance était de seulement 8 km, nous étions impatients de commencer.

On se sentait comme des aventuriers s’enfonçant dans la jungle, explorant un nouveau monde. Les paysages étaient fascinants, peuplés de singes et d’autres animaux. La première journée est passée rapidement, et nous avons atteint notre premier campement. Bien que la vue ne soit pas exceptionnelle, le paysage était différent de tout ce que je connaissais.

Nous avons été surpris que nos guides n’aient pas réservé de hutte à l’avance, alors nous avons dormi dans ce que nous appelons affectueusement notre camp de concentration. Tout le monde ensemble. Quelle belle opportunité de faire connaissance ! 

De mon côté, c’est là que l’insomnie a commencé.

Le deuxième jour

Le lendemain, une marche de 10 km nous attendait jusqu’au prochain camp, notre maison pour les trois prochains jours. Sortant de la jungle, nous avons eu pour la première fois une vue sur le sommet Kibo, notre destination ultime. L’ascension n’était pas trop difficile, et c’était une chance. N’ayant pas dormi la nuit précédente, mon corps aurait eu du mal sinon. Je remercie silencieusement mes mois d’entraînement

En plus de la vue sur Kibo, le sentier se dégageait, offrant des vues époustouflantes sans arrêt. Le manque d’oxygène se faisait ressentir, cependant la beauté du paysage faisait oublier les côtés plus difficiles.

Je me trouvais vraiment sur le Kilimandjaro.

 

Vivre au camp 2

Dans l’après midi, on arrive au camp 2 qui sera notre maison pour 3 jours. La Horombu Hut est située à 3720 mètres d’altitude et constitue l’endroit idéal pour s’acclimater et permettre au corps de s’habituer à l’altitude. Les jours suivants consistaient à monter et descendre au camp pour stimuler la production de globules rouges.

Du camp, nous avions déjà une vue incroyable sur le reste de la Tanzanie. Nos guides étaient motivés, chantant et dansant sans arrêt. Même si les effets de l’altitude étaient déjà perceptibles, cette ambiance réchauffait nos cœurs. C’est ça, vivre pleinement l’expérience !

La première nuit, c’est passé dans une grande chambre commune au-dessus de la cuisine. Apparemment qu’en Afrique, une bonne chambre n’est pas la même chose que pour nous au Québec. Sois sûr d’être concis dans des demandes pour avoir exactement ce que tu veux. Heureusement, les deux autres nuits, on avait des chambres à 4 personnes. Beaucoup plus intime et confortable pour dormir.

L’acclimatation

Le concept de l’acclimatation à l’altitude est d’habituer ton corps à l’oxygène plus dispersé. Plus tu montes, plus c’est difficile de respirer, et ton corps va tranquillement créer plus de globules rouges pour t’aider dans la tâche. La nouvelle méthode est souvent de monter plus haut en altitude et de redescendre dormir un peu plus bas, et c’est ce qu’on fait pendant ces deux jours-là.

On commence à visiter le sentier qu’on va prendre pour se rendre au dernier campement. Et on fait aussi une belle visite de la Zebra Rock. Une roche zébrée noir et blanc naturellement. De mon côté, je commence à m’habituer au froid tout le temps par contre, je découvre les efforts mentaux d’une expédition. Mon confort est loin. Une nuit où mon sac de couchage était mal fermé, je me suis réveillé frigorifié. À ce moment-là, je souhaitais tellement être chez moi au lieu d’au beau milieu de la montagne.

Ne t’en fais pas. Ça passe. Accroche-toi à des petits bonheurs. Par exemple, ton chocolat chaud le matin, et tu vas réussir.

L’ascension vers le sommet

Après 2 jours complets au camp Horombo, c’est le temps de passer au prochain. Le sentier pour se rendre à Kibo Hut est très relax. Tu montes tranquillement jusqu’à 4720 mètres d’altitude. Par contre, plus tu montes, plus tu sens qu’il fait froid. En plus, de notre côté le ciel se couvre. Une boucane dense prend place pendant l’ascension. Mon asthme n’est pas très heureux. C’est là qu’on apprend qu’il y a un très gros feu de forêt à flanc de montagne. J’avance avec le buff au visage jusqu’à Kibo Hut.

Horombo Hut s’est révélé être un hôtel 5 étoiles en comparaison avec Kibo Hut. Néanmoins, on s’adapte, on prend nos repas, et on organise nos vêtements en prévision de l’ascension qui débute à 1h du matin. Chacun dort avec ses habits d’ascension, bien que peu aient réellement pu trouver le sommeil cette nuit-là.

Minuit arrive. Pour certains chanceux qui ont dormi, c’est un réveil. Pour les autres comme moi, c’est tout simplement se lever et faire son sac. On a le droit à notre fameux bol de popcorn conventionnel. Je sais que pour moi ça ne sera pas assez, et je prends une barre Naak caféiné.

C’est à la lampe frontale qu’on commence l’ascension. Dans la noirceur totale, on ne voit pas ce qui nous attend. Et pour vrai, c’est probablement mieux ainsi. Il fait froid, il fait noir. On monte tranquillement et plus, on monte, plus, on sent la pression de l’altitude. Mon sac qui est mal attaché, mais que je ne prends pas le temps de bien rattacher commence à se sentir lourd, comme si j’avais une tonne de briques sur le dos. Mon ascension du Kilimandjaro ne ce passe pas comme je le voulais.

 

Un pas à la fois

Je persévère avec mon mantra – un pas à la fois, restons concentrés. Cependant, c’est à ce moment qu’une vague immense de malaise m’envahit. Je commence à me sentir mal. Mon sac, mal attaché, semble soudain peser dix fois plus lourd, tirant sur mes épaules de manière insupportable. Malgré mes efforts pour continuer, pour résister, je n’y parviens plus. Je ralentis le pas, indiquant à ma guide que je ne me sens pas bien. Elle me conseille de ralentir, et après seulement quatre pas supplémentaires, mon corps refuse catégoriquement de continuer.

J’ai souvent fait face à des blocages mentaux, des moments où mentalement je ne voulais plus avancer. Cependant, c’est l’une des premières fois que mon corps s’arrête complètement, refusant obstinément de poursuivre. J’ai la sensation imminente de m’effondrer au sol, tout devient flou. M’asseyant sur le bord du sentier, j’entends Marie-Pier affirmer que c’est fini pour moi. Je ne le voulais pas. Les larmes coulent sans retenue. Toute cette préparation, cette motivation semblent vaines. J’entends ses mots, reconnaissant que ce n’est pas grave, que mon sommet se trouve ici.

Bien que nous nous préparions mentalement à l’idée de ne pas atteindre le sommet, réaliser cela sur place reste une épreuve très difficile. On pense que cela n’arrive qu’aux autres, que nous, nous réussirons. Mais ce n’est pas toujours le cas. La vérité, c’est que même si je n’avais pas atteint le sommet, j’avais vécu l’aventure d’une vie. J’avais rencontré des personnes exceptionnelles, contemplé des paysages magnifiques, et j’étais en Afrique ! Rien que cela n’était pas insignifiant. Cependant, pour moi, abandonner n’était pas plus facile.

On a descendu un peu plus bas jusqu’à ce qu’on réalise qu’il me manquait la clé de la chambre. Le guide qui m’accompagne remonte pour aller chercher la clé de la chambre. Pendant ce temps, je m’assois, bois de l’eau. “Sipe sipe”. Je commence à me sentir mieux. Le guide redescend avec la clé, je me lève, il me regarde. Il me dit que je semble aller mieux. Je confirme. Il sourit, on monte jusqu’au sommet alors ?

 

Le Kilimandjaro

L’altitude est une force à ne pas sous-estimer, et jouer avec elle peut être dangereux. Cependant, je me suis dit que nous devrions tenter une dernière fois. Un pas à la fois, j’ai persisté dans ma montée, mettant en pratique tout ce que j’avais appris au fil des années. J’ai adopté la marche méditative, répété mon mantra, tout mis en œuvre pour continuer et atteindre mon objectif. Il fait froid, et à la vitesse à laquelle je progresse, cela ne suffit pas à réchauffer mon corps.

Enfin, le soleil se lève, et instantanément, je ressens la chaleur revenir. L’expression du soleil qui réchauffe mon cœur décrit parfaitement la sensation. Un regain de motivation m’envahit. Je ne suis pas particulièrement émotif dans la vie quotidienne, mais en voyant enfin le sommet de Gilman’s Point, je me retourne pour contempler le lever de soleil sur le matin, au-dessus des nuages. C’est probablement l’un des moments les plus magnifiques de ma vie, et des larmes embuent mes yeux. Penser que j’ai été si proche de ne pas atteindre le sommet est simplement bouleversant.

 

C’est partie

Je rejoins le reste du groupe qui avait pris de l’avance. J’ai toujours été habitué à marcher à un rythme soutenu, prenant moins de pauses, car mes amis marchent plus rapidement. Je poursuis, profitant des panoramas depuis le sommet de Kibo, mais une pensée persiste : atteindre Uhuru Peak, le point culminant de Kibo.

Malgré les indications des guides selon lesquelles la distance restante après Gilman’s Point est courte, le parcours demeure ardu, surtout au-delà de 5300 mètres d’altitude, où le corps se fait sentir. Un pas après l’autre, je continue sans m’accorder de longues pauses, aspirant enfin à atteindre cette destination tant attendue.

Le sommet est désertique, hors du commun. À mesure que tu progresses, tu observes le cratère du volcan à tes côtés. Même une fois au sommet, la réalisation peine à s’imposer. C’est une expérience tellement émotionnelle, une véritable sortie de ma zone de confort. Je pense qu’il me faudra des semaines pour pleinement comprendre ce qui s’est passé. Même les autres membres du groupe semblent surpris de me voir, en particulier Marie-Pier, qui m’avait conseillé de redescendre. C’est un moment magnifique, où chacun a vécu une expérience incroyable, et nous sommes tous simplement ravis de nous retrouver au sommet.

 

Conclusion

Après avoir grignoté au sommet, d’avoir attendu les autres pour prendre une photo en groupe. Et on s’entend, une panoplie de photos ont été prises, on redescend en bas. La descente se fait en deux jours, ce qui est beaucoup plus rapide que l’ascension.

La première nuit après le sommet, je dors ma première nuit complète depuis que je suis en Afrique. Je ne me souviens plus de la dernière fois que j’ai été autant brûlé, autant satisfait. Bye bye, l’insomnie.

18 des 20 personnes du groupe ont atteint le sommet. Et on a tous vécu une aventure exceptionnelle. Passé si proche de ne pas me rendre au sommet m’a fait réfléchir, sur ma définition de l’aventure. De l’importance qu’on accorde au sommet et du pourquoi je veux partir. Ceux qui ne sont pas rendus au sommet ont eu tout autant de plaisir. L’aventure était incroyable.

Traverser les émotions que j’ai ressenti pendent cette aventure ma pris plusieurs semaine. C’est tellement une expérience incroyable, de mon coté c’est impossible de tout comprendre sur place.

Un merci à plusieurs commanditaire qui ont rendu l’aventure possible comme Black Diamond qui m’ont gardé au chaud avec leur vêtement et Aku, qui m’ont permis d’avoir des bottes extrêmement confortable. Et aussi à Naak, leur barre énergétique m’ont aidez à me rendre au sommet.

Un merci à toute la gang sans qui l’aventure n’aurais pas été la même.

Un merci spécial à notre Marie Pier Desharnais qui à rendu l’aventure possible : https://www.instagram.com/mariepier.desharnais/ 

Bien que ce fût ma première aventure d’une telle envergure, tu t’en doutes sûrement, ce ne sera certainement pas la dernière. Reste à l’affût pour en savoir plus sur la suivante.

Tu viens de tomber sur l’article ? Va lire les parties 1 et 2 de mon aascension du Kilimandjaro et partage cette expérience avec tes amis pour les inspirer à relever leurs propres défis en plein air.

Partie 1 : https://liveandhike.com/2023/10/10/mon-aventure-au-kilimandjaro-partie-1-la-planification/ 

Partie 2: https://liveandhike.com/2023/10/27/kilimandjaro-partie-2-laventure-debute-en-afrique/ 

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